Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/355

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entre les mille accidents du terrain. Des arbres gracieux qui jadis lui versaient leur ombre, il ne lui reste plus désormais que le nom ; leurs troncs élancés, leurs larges palmes ouvertes au vent comme des éventails, ont fait place à l’épaisse végétation des savanes. — Oh ! la délicieuse impression que celle qui nous vient de la nature au moment de son réveil ! Rappelez-vous, madame, une de ces radieuses matinées comme vous en avez tant vu sous le beau ciel de votre île. Nous nous étions arrêtés un instant pour admirer le paysage qui se déroulait sous nos yeux et respirer les fraîches brises descendant des crêtes de Paeter-Boot. Le soleil venait de paraître ; les grandes herbes de la plaine étincelaient comme des épis de diamants ; dans l’air passaient les ailes blanches et rapides des oiseaux pêcheurs ; les cimes des montagnes étaient couvertes de lueurs rosées, et de bleuâtres vapeurs flottaient sur le bassin des ravines, s’élevant lentement de toute part comme la respiration de la vallée. Nous n’étions pas seuls à jouir de cette merveilleuse scène. A quelques pas de nous se tenait un jeune homme que je reconnus bientôt pour l’artiste étranger dont je vous ai parlé tout à l’heure. Dès qu’il nous aperçut, il quitta brusquement la route et s’enfonça dans le sentier boisé qui conduit au Val-des-Prêtres. Nous devions le retrouver aux Pamplemousses.

De riches plantations s’étagent sur les flancs de Paeter-Boot et l’entourent d’un amphithéâtre de verdure