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II

À LA NATURE


 
Source trois fois féconde, opulente Nature,
Sans t’épuiser jamais, toi qui donnes toujours ;
Toi qui répands à flots sur chaque créature
La vie et ses bienfaits, la vie et ses beaux jours ;
Je t’envie, ô Nature ! ô mère impérissable,
Qui nous verses à tous un lait intarissable !
Poète, que ne puis-je abreuver de mes chants,
Comme toi de tes dons, les purs et les méchants !
Du seuil de mon Eden, poétique domaine,
Que ne puis-je, appelant toute la race humaine,
Dire à l’homme, à l’enfant, aux sages, aux rêveurs :
« Cueillez à pleines mains mes strophes et mes fleurs !
Dans mes vastes jardins aux suaves délices
Entrez ! c’est pour vous tous que s’ouvrent mes calices.
Femme, goûte à ces fruits que l’art a fait germer ;
Vierge, viens respirer la fleur qui fait aimer ;