Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/361

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ami des plantes, y demeura également ; mais ce n’est point à Monplaisir que je veux vous mener, madame, c’est à ce calme et beau jardin dont la porte s’ouvre si près de l’église. Entrons-y ; l’heure avance, le soleil commence à se faire sentir ; allons nous asseoir un instant sous ces dômes aux profondes ramures, non loin de ce bassin aux ondes transparentes où la jam-rose laisse tomber son fruit, la grenadille ses larges fleurs ; où nagent, entre la chevelure flottante des limons et sous les feuilles veloutées des songes, des bandes de petits poissons de nacre, de pourpre et d’or. Quelle ombre enchantée tombe de ces berceaux ! quelle placidité dans l’air ! Oasis de verdure, cette retraite charmante renferme une variété infinie d’arbres et de plantes, exotiques richesses des contrées lointaines ; leur feuillage se mêle, leurs fleurs se sourient ; mille parfums se fondent en un parfum ; c’est une harmonieuse confusion de formes et de couleurs. S’abandonnant en liberté à ses larges caprices, ici la nature s’épanouit avec plénitude. Que de grâce et que de force ! le souffle de la vie court et frémit sur toutes choses ; on sent respirer l’arbre, on sent aimer la plante. Voyez comme à travers ces feuilles la lumière se joue vive et brisée ; comme la tête délicate des fougères ruisselle de diamants du matin ! entre les panaches des branches s’ouvrent en aigrettes des bouquets de baies de rubis ; le long des troncs moussus, sur les palmes satinées, glisse, luisante émeraude, le lézard, ami du soleil ; aux marges des bassins