Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/363

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la porte par l’allée des Palmistes, cette merveille des Pamplemousses.

De chaque côté s’élancent sur une seule ligne les troncs sveltes et lisses des palmiers, vivante colonnade que les froides imitations de l’homme ne sauraient jamais égaler. Leurs gracieux éventails se marient en tous sens, et ne laissent tomber sur la mousse fine du sol qu’une lumière tamisée et blonde ; je ne sais quelle molle tiédeur s’exhale de partout et vous enveloppe d’un indéfinissable sentiment de bien-être. Je m’enivrais des voluptés de l’air, de la brise et des bois. Il y a dans la nature quelque chose de doux et d’apaisant que les âmes troublées seules connaissent : quelles agitations ne se calmeraient en face d’une telle sérénité ! « Un poète serait bien sous cette forêt de palmes, disais-je, tout en marchant, à ma compagne de promenade. Quelle virginale source d’inspirations ne se trouverait-il pas ici ! — Vos sites, souvent décrits, ont été peu chantés encore ; puisse la voix douce des muses en dire un jour les beautés !… » Tandis que nous devisions de la sorte, et comme si le hasard avait voulu répondre à l’un de mes souhaits, nous aperçûmes à peu de distance de nous le jeune poète étranger que nous avions déjà rencontré près de la rivière des Lataniers. Debout contre un des palmistes de l’avenue, il paraissait vaguement nous observer. Son regard, suivant dans tous ses caprices l’enfant qui courait à nos côtés, semblait sourire à une heureuse pensée. Il y avait sur ses traits, dans son attitude, dans toute