Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




O pitié ! maintenant, dépensez donc vos jours
Au culte douloureux des plus hautes amours ;
Servez la vérité que tant d’ombre environne ;
Faites-vous du savoir une lente couronne ;
Portez dans votre cœur épris d’humanité
La passion du bien et de la liberté ;
Immolez aux soucis de la chose publique
Le tranquille bonheur du foyer domestique ;
Du juste dans vos mains allumez le flambeau ;
Conduisez l’homme au vrai par le chemin du beau,
Et, de l’iniquité sondant le noir abîme,
Soyez toujours du droit le protestant sublime,
Pour qu’à l’heure suprême où, fatigué lutteur,
Vous porterez votre œuvre aux pieds du Créateur,
La foule, être banal qui vous connut naguère,
Accueillant votre mort comme une mort vulgaire,
Sans souci du labeur par vos mains accompli,
Jette aux vers votre corps, votre nom à l’oubli.



O misère du cœur ! stupide indifférence !
Qu’un être bien repu d’argent et d’ignorance,