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Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/65

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Qu’un parvenu gorgé d’absurde vanité,
Du vent de l’arrogance enflant sa nullité ;
Qu’un prêtre sans pudeur aux lèvres hypocrites,
Torturant de la loi les syllabes écrites ;
Qu’un avocat bavard aux vénales clameurs,
Qu’un magistrat perdu de rapine et de mœurs,
Qu’un conseiller bien nul, bien lourd, bien inutile,
Qu’un de ces renégats qui vendirent notre île,
Traîtres que le présent devrait couvrir d’affronts,
Qui respirent pourtant l’air que nous respirons !
Eh bien ! qu’un de ceux-là vienne à quitter la terre,
Sa bière aux clous dorés passe moins solitaire
Que le cercueil où dort, par la mort abattu,
L’homme de bien, de cœur, de lutte et de vertu.



Plèbe ingrate ! troupeau servile ! tourbe infime !
Qu’il fait bien, celui-là dont le bras fort t’opprime,
Qui t’attelle à son char et, debout sur tes reins,
Laboure tes flancs nus de ses pieds souverains !
Tu te souviens de lui ! tes mains et ton visage
Gardent empreint le sceau qu’y creusa son passage.
Oui ! pour ces cœurs altiers, ces farouches esprits
Qui trahissaient ta cause et t’avaient en mépris,
Tu couves dans ton sein de honteuses tendresses !
Vivants, ils t’enchaînaient ; morts, c’est toi qui leur dresses