Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/70

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Il n’est plus, mais sa lèvre aux paroles de flamme
A fécondé nos cœurs de germes qui croîtront ;
           Ils boiront le sang de notre âme,
Et ce qu’il a tenté, nos mains l’achèveront.

L’homme s’éteint, l’idée existe pour le monde ;
L’humanité survit, l’homme seul est mortel :
           La mort vainement nous émonde,
Les feuilles sont d’un jour, mais l’arbre est éternel.

Combattez donc, amis, sans relâche et sans trêve !
De toute énigme obscure un jour l’homme a le mot.
           Non ! sa foi n’était point un rêve,
Et ce qu’il a prédit, nous le verrons bientôt.

Pressons de tous nos vœux l’aube qui doit éclore,
Hâtons l’avènement d’un monde à tous meilleur,
           Et vers l’horizon, vague encore,
Levons incessamment nos yeux et notre cœur.

A ses jeunes clartés l’avenir vous appelle ;
Détournez vos regards d’un présent déjà vieux,
           Et, semblables à l’hirondelle,
Pour trouver la lumière allez sous d’autres cieux.

La lutte vous attend ; dans la mêlée austère,
Vos mains se couvriront de sanglantes sueurs.
           Hélas ! pour féconder la terre
Les cieux ont leur soleil, l’homme n’a que ses pleurs.