Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/71

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Mais la lutte grandit, mais la lutte a ses charmes !
La pensée est un fruit que l’éclair doit mûrir.
           Nous n’enfantons que dans les larmes :
Du présent en travail jaillira l’avenir.

Eh ! qu’importent la haine et sa clameur jalouse,
D’un passé qui s’éteint les sarcasmes moqueurs !
           Le malheur que la gloire épouse
Est un malheur, amis, fait pour de nobles cœurs.

Si votre pied fléchit, si votre foi succombe,
Pour raffermir vos pas ébranlés un moment,
           Allez demander à sa tombe
De quel sang a pour nous saigné son dévoûment.

Alors, d’un pied plus sûr marchant à vos conquêtes,
Vous vous relèverez beaux d’audace et d’espoir,
           Et s’il vous faut jouer vos têtes,
Vous les saurez porter sur l’autel du devoir.

Marchez donc et luttez ! Du vieux monde qui croule
Brisant les dieux, brisant la vieille iniquité,
           Bâtissez un temple où la foule
Puisse abriter enfin sa féconde unité !

De la stérile nuit de nos haines premières
Que pour l’homme nouveau surgisse un nouveau jour !
           Émancipez par les lumières,
Semez dans les esprits la moisson de l’amour !