Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/87

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Ignore-les toujours mes nuits noires et lentes,
Le sommeil éveillé de mes heures brûlantes,
Mes doutes, mes désirs de tombe et de cercueil,
Mes révoltes sans fin, mes désespoirs sans nombre,
Et dans ma tête en feu l’ébullition sombre
         De la colère et de l’orgueil.

Je dors pas, je songe, ami ! je me recueille.
Je laisse au fruit le temps de mûrir sous la feuille ;
L’esprit est en travail sous mes fervents ennuis.
Attentif cependant à l’appel poétique,
Je me redis les chants de ta harpe celtique,
         Et pour d’autres je les traduis :

 

« Qu’as-tu fait de tes pleurs ? Sous leurs gouttes divines,
Au lieu de fleurs, ta glèbe a donné des épines,
Et ton âme, étouffant de lyriques transports,
Source sans eau, sol sans gazon, volcan sans lave,
Pour attendrir le maître et consoler l’esclave
         Reste muette et sans accords.

« D’un coupable sommeil réveille-toi, poète !
Pour le droit opprimé, debout ! et haut la tête !
Contre un joug sacrilège, entre tous odieux,