Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/103

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« À cette époque, dit Lacenaire dans ses Mémoires, il y avait dans cette maison beaucoup de « ce qu’on appelle républicains, » c’était quelques temps après juillet 1830. Je composai alors ma première chanson politique connue ; c’est celle intitulée : Pétition d’un voleur à Sa Majesté. »

Cette chanson, fit un certain bruit lors du procès de son auteur, ou plutôt d’un de ses auteurs, car M. Altaroche, en la publiant dans le recueil de ses chants, affirme l’avoir retouchée dans la forme. Nous le croyons sans peine. Mais Lacenaire ne pardonna jamais ce blanchissage à M. Altaroche, et le propre jour où commençaient devant la Cour d’assises les débats de son affaire, le meurtrier-poète, laissant de côté le soin de sa défense, faisait circuler au barreau l’épître suivante, dans laquelle il revendiquait la propriété de la chanson :

Je suis un voleur, un filou,
Un scélérat, je le confesse,
Mais quand j’ai fait quelque bassesse,
Hélas ! je n’avais pas le sou.
La faim rend un homme excusable,
Un pauvret de grand appétit
Peut bien être tenté du diable ;
Mais pour me voler mon esprit,
Êtes vous donc si misérable.

Oui, contre un semblable méfait,
Notre code est muet, je pense,
Au parquet, j’en suis sur d’avance,
Ma plainte aurait bien peu d’effet,
Pour dérober une filoche[1]
On s’en va tout droit en prison,

  1. Bourse.