Aller au contenu

Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi le prudent A…….
Ne m’a volé qu’une chanson,
Sans mettre la main dans ma poche,

Un voleur adroit et subtil,
Pour éviter toute surprise,
Sait déguiser sa marchandise
Et la vendre ainsi sans péril.
A……. aussi raisonnable,
Et craignant quelque camouflet,
A pris le parti détestable
D’estropier chaque couplet
Pour le rendre méconnaissable.

Je ne puis assez m’étonner
De ce bel acte de courage,
D’un autre copier l’ouvrage,
Pour moi se faire emprisonner,
Ce dévoûment est admirable ;
Et c’est avoir un trop bon cœur
De remplacer le vrai coupable ;
Et sans avoir été l’auteur
D’être l’éditeur responsable



La chanson intitulée Pétition d’un voleur à Sa Majesté, a été faite sans conviction, dit Lacenaire ; je ne me mêlais pas de politique ; j’aurais écrit en sens contraire pour essayer mon esprit. D’ailleurs, je ne la livrai nullement à la publicité, mais une personne m’ayant demandé la permission de la montrer à quelqu’un, j’accordai. On la porta à des républicains. Ils demandèrent à en connaitre l’auteur. On me désigna à eux. J’étais en ce moment à faire une partie de dames avec un autre voleur. Tous ces messieurs les républicains nous entourèrent, m’adressèrent la parole et me félicitèrent à l’envie sur mes talents poétiques. M. A……. fut un des plus empressés.