Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/107

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son politique qui convenait assez bien à la tournure de mon esprit caustique et railleur ; mais, je le répète, c’était sans conviction, c’était absolument pour rien. Il est aisé de faire du ridicule sur quelque gouvernement que ce soit : on en eût fait à Napoléon s’il n’y eût mis bon ordre ; aussi que de pamphlétaires, que d’écrivassiers qui le louent aujourd’hui se mordraient les doigts, s’il leur en tombait du ciel un second ! Peuple lâche qui ne prends de courage que par la faiblesse de ton adversaire, aurais-tu fait un 29 juillet devant Napoléon qui décimait tes enfants ? Il est vrai que les morts ne revenaient pas se plaindre,et les vivants en profitaient ; ce serait assez mon système, et cependant je ne suis pas un conquérant.

« Après deux mois de séjour à Poissy, j’envoyai à M.A… un manuscrit des chansons que j’avais composées jusqu’alors ; il y en avait, je pense m’en souvenir, seize ou dix-sept. Je le priais de voir s’il pourrait en tirer quelque parti pour l’impression, ainsi qu’il me l’avait fait espérer à la Force. Voici ce qu’il me répondit le 10 décembre 1833 :

« Monsieur,

« J’ai reçu le manuscrit de vos chansons que vous avez fait remettre chez moi ; je vais m’occuper activement de l’utiliser, et je compte avoir, sous peu de jours, à vous annoncer un résultat au-delà de vos désirs. »

« Ces derniers mots étaient soulignés.

« … D’après les mots de la lettre de M. A…, sous peu de jours, un résultat au-delà de vos désirs, voyant au bout d’une dizaine de jours que je n’avais pas d’autres