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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/138

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débit d’Olympe, avec Bâton, Avril et Leborgne ; deux marchands de bœufs y entrèrent pour attendre l’heure du départ de la voiture de Poissy. — On sait qu’alors les chemins de fer n’existaient pas. — Les deux marchands, forts et vigoureux gaillards, étaient chargés chacun d’un sac d’écus.

Ils n’étaient pas sitôt attablés, que le projet de les assassiner fut agité et arrêté, au moyen de mots d’argot, par les bandits ordinaires de l’établissement. Répin devait chercher dispute aux deux étrangers, les provoquer à sortir pour se battre. Une fois qu’ils seraient dans la rue, Lacenaire, Avril et Leborgne, sous prêtexte de les séparer, se seraient mêlés à la lutte, et, au moyen de tire-points et de couteaux-poignards qu’ils portaient toujours sur eux, auraient expédié les deux marchands pour l’éternité, et partagé leur dépouille dans une maison de tolérance placée à côté du débit.

Effectivement, Répin commença à exciter la mauvaise humeur des arrivants par des propos malsonnants. Leborgne s’en mêla, et ils eurent la dispute qu’il cherchait.

— Sortez donc, tas de pantes, leur disait Répin, sortez donc que je vous arrange dehors, etc., etc…

Mais, malgré les défis de Répin, aucun des deux hom mes ne voulait se mesurer avec lui. Ils le trouvaient trop chétif et en avaient pitié. Cependant, exaspéré par ses insolences et ses menaces, l’un des marchands se tenait à quatre pour ne pas sauter sur lui. Lacenaire, durant cette querelle, jouait ostensiblement le rôle de modérateur, mais au fond il cherchait à animer les étrangers.