Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/139

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— Ne faites pas attention, messieurs, aux insultes qu’on vous adresse, leur disait-il d’un ton mielleux et conciliant, c’est l’habitude de ces messieurs de vexer tout le monde, et c’est surtout la manie de ce petit Répin, parce qu’en réalité il se sent fort, malgré son apparence grêle.

— Croyez-moi, restez ici, ajoutait-il un instant après, car vous auriez peut-être encore le dessous après avoir été vilipendés.

Ces paroles hypocrites décidèrent les deux nouveaux venus, braves d’ailleurs, à châtier l’avorton et son camarade, et ils se levèrent pour se battre rue Jeannisson, mais,au moment où ils mettaient la main à la serrure de la porte, un homme, connu des habitués comme l’amant et l’associé d’Olympe, sortit de l’arrière-boutique où on le croyait endormi. Il avait entendu le complot et suivi sa marche.

— Pardon, messieurs, dit-il aux marchands, en saisissant chacun d’eux par le bras et en leur faisant un signe : vous ne sortirez pas d’ici… je ne le veux pas ! — Et vous là-bas, vous autres, ajouta-t-il en regardant les malfaiteurs de manière à leur faire comprendre qu’il savait tout, vous allez filer tout de suite, où je vais chercher la rousse[1].

Les bandits, voyant que la mèche était éventée, décampèrent aussitôt, et le maître de la maison, s’adressant aux deux consommateurs qu’il avait retenus malgré eux :

  1. La police.