Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/153

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Enfin, le jour où l’exécution du crime devait être arrêtée vint enfin !

L’horrible scène se passait dans le taudis dont nous avons déjà parlé. Les deux complices dormaient dans le même lit. Lacenaire regardait de côté son compagnon de ses yeux obliques et froids. Avril, tourmenté par les hallucinations du crime, s’agitait et se retournait dans les draps sales du bouge.

Enfin, il se réveilla tout à fait. — Ce fut un dimanche, le 14 décembre 1834. Le jour était sombre et brumeux ; le ciel bas et terne.

— Tiens, dit Avril en ouvrant les bras et en se détirant, si tu veux, aujourd’hui, nous irons chez Chardon ; j’y suis tout à fait décidé.

— Allons-y, mais déjeunons avant, dit tranquillement Lacenaire.

Et ils allèrent déjeuner à la Courtille ! Sur la nappe tachée de vin et de graisse de la barrière, ils firent, en riant, d’affreuses allusions à l’œuvre sanglante qu’ils allaient accomplir, et burent quelques bouteilles de plus comme une avance sur le triste salaire qu’ils en devaient retirer ; — puis ils se mirent en route.

Une demi-heure environ après leur départ, ils arrivèrent dans le passage du Cheval-Rouge. Une heure sonnait à l’horloge Saint-Nicolas-des-Champs. Ils demandèrent Chardon fils au concierge. Le locataire était sorti. Les assassins, doutant de la véracité du portier, montèrent au premier étage et frappèrent à la porte de celui qu’ils venaient chercher. Personne ne répondit. Ils redescendirent et s’en allaient, lorsque Chardon, sortant d’un bu-