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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/163

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criait aussi de toutes ses forces : à l’assassin ! et on le laissa passer sans difficulté. Il y eut même un bourgeois qui, le voyant courir, lui dit : Ce n’est pas de côté qu’il a pris. Cet homme lui indiquait la route de François.

Genevay avait d’abord essayé de les poursuivre ; mais il fut bientôt obligé de s’arrêter : il était blessé à l’épaule droite, avec une lame triangulaire, aiguisée en pointe. La lime restée dans sa chair se brisa en tombant. La blessure, quoique profonde n’était pas dangereuse.

Après l’avortement de cette tentative, Lacenaire alla faire une séance dans un cabinet de lecture, et se retrouva avec François au boulevard du Temple. Ils y dînèrent et allèrent passer la nuit chez un de leurs amis nommé Soumagnac. Les nuits suivantes, ils se réfugièrent chez Pageot, dans la même chambre et dans le même lit. Lacenaire prit alors le nom de Bâton, et François celui de Fizelier.

Le lendemain de l’affaire de la rue Montorgueil, c’està-dire le 1er janvier 1835, Lacenaire, Bâton et François se trouvaient chez un marchand de vin de la place Royale. Une discussion s’engagea entre eux, et Bâton donna à entendre à Lacenaire qu’il devait le ménager.

— Te ménager, lâche, lui répondit le chef de la bande. C’est toi qui dois trembler plutôt devant moi… Tu ne peux que m’envoyer à la mort, tandis que je peux t’envoyer aux galères quand je voudrai.

Ils s’apaisèrent, cependant, et sortirent pour aller commettre un vol à Issy, chez la propre cousine de François, et sur la proposition même de ce cousin sans préjugé.