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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/165

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ristique des mœurs édifiantes de ce monde interlope qui grouille dans les bas-fonds de la société !

Cependant, à force de noyer au fond du verre ses amers ressentiments, la recéleuse devint plus ivre encore qu’elle ne l’était en entrant chez le débitant, et le vin qui fermentait dans sa tête la rendant furieuse de nouveau, elle fut sur le point de faire arrêter son ancien ennemi.

Lacenaire regarda fixement Baptiste.

Tremblant pour lui-même, celui-ci faisait tout ce qu’il pouvait pour apaiser sa maîtresse.

— Sais-tu, brigand, — disait Javotte à Lacenaire, — sais-tu que, si je le voulais bien, je te ferais aller aux galères pour le reste de tes jours !…

— Dis donc à la guillotine, imbécile, répondit Lacenaire en battant en retraite. Crois-tu donc que je n’ai eu affaire qu’à toi, et que tout le monde ait eu ton bonheur ?

Au pré ou chez Charlot (aux galères ou à la guillotine), ça m’est bien égal, mauvais escarpe (assassin) ; mais il ne tient qu’à moi de te faire marcher dans un petit chemin qui ne sera pas de ton goût.

— Fais ce que tu voudras, méchante bête ; mais sois persuadée que je ne ferai pas seul la route, continua Lacenaire en désignant Baptiste des yeux et en sortant tout à fait du débit.

Et il alla rejoindre ses auxiliaires à Issy. On ne put rien entreprendre dans ce village, grâce à Bâton, qui s’enivra aussitôt qu’on l’eut perdu de vue ; mais, pour se dédommager de cette mauvaise journée, Lacenaire,