Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/242

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M. Beaufils (après avoir examiné la main de l’accusé). — La cicatrice est encore apparente.

Lacenaire à voix basse, au témoin, avec une pantomime expressive. — J’ai frappé comme cela ; la pointe s’est enfoncée dans le manche et m’a blessé.

Un Juré. — Lorsqu’Avril est allé coucher avec Lacenaire, peu de temps après, s’est-il aperçu de cette blessure ?

Avril. — Non ; et certainement un homme qui aura frappé avec cet instrument-là se serait fait une blessure grave. On ne voit pas du tout la cicatrice.

M. Beaufils déclare ensuite que, sur le cadavre de la veuve Chardon, il a reconnu des blessures qui ont dû être produites par un autre instrument que le tire-point et la hache. Deux couteaux ont été trouvés sur le théâtre du crime.

Lacenaire. — Je ne me suis pas servi de couteau, mais d’un carrelet ; c’est là une circonstance que je ne puis expliquer.

On lui représente les couteaux, il ne les reconnaît pas et assure qu’il les a vus pour la première fois dans le cabinet du juge d’instruction.

M. le Président, à Lacenaire. — Il résulte donc de votre affirmation qu’Avril ne s’est pas servi de couteau ?

R. Je ne le crois pas. Dans tous les cas, je ne l’ai pas vu.

Pendant tout le temps que met à déposer le docteur Beaufils, Lacenaire, occupé à écrire sur ses genoux, ne lève pas la tête ; il ne prête quelque attention au débat que lorsque M. le président fait passer sous les yeux des