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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/243

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jurés les instruments qui ont servi au crime. Il reconnaît le carrelet aiguisé et le merlin qui lui sont présentés. Avril, au contraire, déclare ne reconnaître ni le merlin, ni la lime, que souillent encore la rouille et les taches produites par le sang.

M. Costaz, docteur en médecine, dépose dans le même sens et sur les mêmes faits. Il a vu les couteaux et pense que le crime a été commis par deux personnes au moins, peut-être par trois. Le docteur révèle deux faits nouveaux et importants : — J’ai remarqué, dit-il, autour de l’un des yeux de Chardon cinq blessures non pénétrantes, portées avec le tire-point à très peu de distance l’une de l’autre. J’ai été convaincu que ces blessures n’ont pu être faites qu’après la mort de la victime ; car le plus petit mouvement aurait dérangé la main de l’assassin. La veuve Chardon, continue M. Costaz, n’était pas morte sur le coup, et je pense qu’elle a pu vivre pendant dix heures. Lorsque nous l’avons examiné, le cadavre conservait encore quelque chaleur à la région gastrique.

M. le Président. — Lacenaire, vous voyez qu’on soupçonne, d’après l’état des blessures, qu’il pouvait y avoir trois personnes. On a supposé aussi que dans la maison, rue Montorgueil, il y avait trois meurtriers. Il semblerait que vous n’avez pas encore dit toute la vérité. Étiez-vous seul avec Avril chez Chardon ?

Lacenaire. — Oui, monsieur le président.

M. le Président. — Ce qui paraît faire croire qu’il y avait trois personnes, c’est qu’il y avait trois instruments.

Lacenaire. — Je ne me suis pas servi de couteau, et