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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/296

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autres. Vous aviez, ajoutiez-vous, à l’époque du crime, et comme plusieurs témoins en ont déposé, de gros favoris rouges venant jusqu’à la bouche. Mais vous les aviez fait couper par un perruquier de vos amis, ce qui vous avait sauvé en empêchant les reconnaissances.

Ah ! oui, vous aviez raison plus tard, sur l’annonce de votre translation à Paris, de trembler, de pâlir devant le gardien Coignet. Vous aviez raison de vous écrier : « Je suis un homme perdu, je sais ce qui me revient ! » C’est que vous saviez que Lacenaire avait parlé, que Bâton pourrait apparaître, et que vous seriez confondu.

Messieurs, voilà en abrégé toute la cause. Un mot seulement, avant de finir, sur le principal accusé.

Souvent les accusés traduits sur ces bancs plaident devant vous, sinon comme excuse, du moins comme atténuation de leurs fautes, le délaissement de leur famille, le dénûment, l’insuffisance de leur éducation ; tous ces moyens manquent complètement à Lacenaire. Fils de braves négociants de Lyon, il reçut l’instruction la plus soignée. Au dossier, sont des morceaux de prose, de poésie, de sa main. Ils avaient été conservés comme pièces de comparaison pour une vérification d’écritures. Nous y avons trouvé les éléments d’une vérification plus grave, celle de l’intelligence de l’accusé ; et, si l’audience ne nous avait pas suffi, nous nous y serions convaincu que ses facultés naturelles étaient des plus distinguées. Il était donc des favorisés ici-bas, car les dons les plus précieux sont ceux de l’intelligence.

Pourquoi faut-il, nul plus que nous ne le déplore, que cette plume, qui, dans le commerce, dans la politique,