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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/308

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des agents maladroits qui ne peuvent le découvrir. Ce sont là ses joies, ses plaisirs, ses voluptés.

Les crimes faciles ne lui suffisent déjà plus ; il lui faut de savantes combinaisons.

Il conçoit l’assassinat de la rue Montorgueil. Plusieurs tentatives restent sans succès.

Une fois le garçon de caisse ne peut trouver l’adresse ; une autre fois le portier monte avec lui ; enfin, le 31 décembre l’occasion se présente sans entraves…

Il m’est pénible à moi de retracer de pareilles scènes…

Une seule chose me frappe, m’étonne, me confond.

Quelques instants ayant l’arrivée de Genevay (des témoins en ont déposé, il fumait paisiblement à la porte de la chambre, sur le palier de l’escalier, et lisait avec attention ce livre funeste qui fut comme le symbole de sa vie[1].

Ah ! je vous en supplie, messieurs, suivez-le depuis le mois d’août, depuis sa sortie de Poissy, comptez, si vous pouvez, tous ses crimes, et demandez-vous si tant d’impudence et de sang-froid sont dans la nature même du scélérat !

Voyez-le, paisible et tranquille dans les courts loisirs que lui laisse le crime, employer ses mains ensanglantées à tracer des pensées plaisantes et gracieuses ; et demandez-vous si tout cela peut s’allier avec la raison !

Demandez-lui si le remords déchire son cœur, si son sommeil est agité ; et lorsqu’il vous aura répondu que jamais il n’a senti les aiguillons du repentir, que ses

  1. Le Contrat social.