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CHAPITRE XLI.

Après la condamnation. ― Le réveillon. ― Poésies de Lacenaire.


Le lendemain même du jour où son sort avait été décidé, Avril se pourvut en cassation. Lacenaire, qui d’abord avait annoncé l’intention de se pourvoir aussi, si Avril recourait à la Cour de Cassation, déclara qu’il voulait consulter son avocat.

— Cependant, ajouta-t-il, je ne veux pas laisser en aussi beau chemin mon ouvrage, car si l’arrêt est cassé, — et je crois qu’il le sera, — je veux paraître devant une autre cour d’assises avec le même droit que mes coaccusés, et les confondre comme je l’ai fait devant celle de Paris.

Ainsi qu’on se le rappelle, la camisole de force dont on l’avait revêtu après sa condamnation, avait peuplé sa nuit de visions sinistres ; mais, dès qu’on l’eut délivré de cet instrument de torture, il mangea avec appétit et dormit tranquillement.

On le transféra à Bicêtre, et presque aussitôt, il fut ramené à la Conciergerie. Sous les verrous de cette dernière prison, il se montra constamment ce qu’il avait été dans les autres, matérialiste dans toute l’acception du mot, et beaucoup plus soucieux de la rédaction et de l’impression de ses Mémoires, de la facture de ses vers et de la correction de ses épreuves, que de la triste fin qui l’attendait.