Et ne laisse après lui ni maîtresse qui l’aime,
Ni d’enfant qui porte son nom.
Alors, dans sa tonnelle où l’homme est mis en mue,
Il trouve un paisible sommeil.
Si parfois jusqu’à lui vient le bruit de la rue,
C’est comme un rayon de soleil
Qui ne peut traverser la rue.
La fraîche haleine du zéphir
Vient tomber au seuil de sa porte,
La nature est muette et morte,
Et son cœur se ferme au désir.
Alors, il peut fixer[1] le gibet et la roue,
Sans sourciller il peut encor
Voir en passant un enfant qui se joue
Avec sa complainte de mort.
C’est en vain qu’un peuple stupide,
De douleurs et de meurtre avide,
Veut surprendre du geste d’effroi.
Sa face est un marbre impassible,
Son âme une roche insensible,
Et, s’il tremble alors, c’est de froid.
Puis, quand vient le moment, lorsque sa tête roule
Sous le choc du pesant couteau,
Il ne reste plus rien pour amuser la foule
Que le coup d’œil au tombereau,
Et quelque peu de sang qui lentement s’écoule ;
Tout est fini, chacun se tait et part,
Hors une voix qui répète : À Clamart !
...............
Banni, chassé, proscrit, et broyé sous l’offense,
Un bonheur me restait, celui de la vengeance ;
Et je ne l’ai goûté qu’en pressant sur mon cœur
..... le seul dieu que je croyais vengeur.
- ↑ Faute de français : fixer est mit là pour regarder ou fixer le regard. Du reste, les vers de Lacenaire sont péniblement faits et mauvais en diable.