Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/340

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légère, afin qu’ils pussent causer ensemble en élevant la voix. La police aux aguets espérait obtenir par ce moyen quelques renseignements du plus haut intérêt.

— Dors-tu, Avril ? dit Lacenaire.

— Non, répondit celui-ci, et toi ?

— Ni moi non plus… Tu penses à demain ?

— Dame !…

— Je connais certains de mes amis, reprit Lacenaire après une légère pause, qui voudraient bien être à demain soir ! Ah ! bah ! continua-t-il en riant, pour prolonger ma vie j’ai envie de faire des révélations ? Sais-tu que je pourrais faire tomber quelques têtes.

— Oh ! surtout, répliqua vivement Avril, ne parle pas de la…

— Silence donc, imbécile ! cria Lacenaire, en coupant la phrase de son ami, tu oublies que les murs ont oreilles…

— Ils ne sont pas dangereux alors, s’ils n’ont que cela.

— Oui, mais près des oreilles, il y a des langues. Bonsoir, Avril, j’ai froid, il a gelé aujourd’hui…

— Bonne nuit…

— C’est la dernière et tu sais le proverbe : — Aux derniers les bons. — Dis donc, je pense à une chose qui me contrarie ; moi qui suis si frileux.

— Quoi donc ?

— La terre sera bien froide demain…

— Alors demande à être enseveli dans de la fourrure.

Et tous les deux se turent après cet échange de plaisanteries. Ils avaient bien fait pour leurs complices, s’ils en avaient, car MM. de Beaufort, Allard et Canler, pla-