Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/341

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cés dans le chemin de ronde, écoutaient attentivement leurs moindres paroles.

Le lendemain matin, Lacenaire fut grave et silencieux ; Avril, résolu et presque de bonne humeur. À six heures, deux prêtres furent introduits près d’eux : c’étaient les abbés Montès, aumônier général des prisons, et Azibert, aumônier de Bicêtre.

Avril reçut le dernier avec un empressement plein de déférence, écouta ses exhortations dans l’attitude du recueillement, et, comme pénétré des sentiments les plus religieux :

— Monsieur l’abbé, dit-il à l’ecclésiastique, veuillez accomplir un de mes désirs. Dites demain au prône des prisonniers de Bicêtre que je suis repentant de ce que j’ai fait ; dites-leur que mon exemple doit leur être utile. Je suis bien coupable, je le sais ; mais, si je n’avais pas été privé de ma famille quand j’étais tout jeune, je n’en serais pas où j’en suis.

Quant à Lacenaire, il accueillit M. Montès avec beaucoup de politesse ; mais, persévérant jusqu’au bout dans son rôle d’incrédule il lui dit :

— Je vous remercie, monsieur l’abbé, mais je suis fâché de la peine que vous avez prise. Vous savez que tout cela n’entre pas dans ma manière de voir, et votre visite est inutile.

Les mots ne sortaient pas de sa bouche avec la même facilité que de celle d’Avril ; car, ainsi qu’on l’observe sur presque tous les condamnés à mort, à leurs derniers moments, l’absence de salivation desséchait sa langue.

Ce n’était pas là un symptôme de faiblesse, pas plus