Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/63

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sur l’ortographe, tu ne peux manquer de faire ton affaire.

— Crois-tu ?

— J’en suis sûr.

— Mais où trouver tout de suite un bureau où je puisse être employé ?

— Oh ! mon Dieu ! cela ne manque pas, va ! Rôde un peu aux environs du Palais de Justice, et tu trouveras immédiatement à te caser.

Effectivement, le lendemain, Lacenaire se mit à courir tous les bureaux d’écrivains, et entra, le jour même, dans un des meilleurs de la ville.

Une fois placé là, il gagna beaucoup d’argent par sa promptitude et son habileté. C’était quelques semaines après la révolution de Juillet. On pétitionnait de toutes parts, et la France était en proie à une fièvre de places et d’emplois qui tenait du délire. Chacun faisait valoir ses services réels ou prétendus à la cause libérale, et proclamait ses titres par dessus les murs.

— J’ai conspiré contre le gouvernement déchu, disait l’un.

— Moi, j’ai été condamné sous la branche aînée, disait l’autre.

— Je suis une victime ! s’écriait un troisième avec violence.

— J’ai tué tant de Suisses ! disait fièrement un troisième.

— Et moi tant de gardes royaux… soupirait un quatrième avec un air de componction.

— À moi une indemnité, messieurs les députés !