Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/71

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— En ce cas, adieu… Motus ! n’est-ce pas ?

— Tiens !… dit Lacenaire, me prends-tu pour un enfant ou pour un traître ?…

L’individu s’en allait par la rue du Petit-Lion-Saint-Sulpice ; Lacenaire l’avait quitté pour se diriger vers la rue de l’Ancienne-Comédie ; mais il revint sur ses pas, et courut après son interlocuteur. La tentation avait fait son effet. Il atteignit le caroubleur, et l’arrêtant par le bras :

— Ma foi, lui dit-il, j’étais un imbécile, et, toute réflexion faite, j’accepte, je suis à ta disposition.

— Ça m’étonnait aussi de te voir si mou, répondit l’autre personne… Eh bien, trouve-toi ce soir à six heures sur le quai Malaquais ; j’irai te prendre, car il faut profiter du moment où le bourgeois sera sorti, et, comme ce soir il est invité à un dîner de noce, il ne faut pas manquer cette occasion. Si ce n’est pas moi, ce sera mon associé qui viendra. Tu le reconnaîtras en le voyant jeter de la mie de pain dans la fontaine placée entre la boutique d’une liquoriste, nommée madame Moreaux, et le café Manoury.

— De façon que je puis compter sur l’un de vous d’eux, bien sûr !

— Oh ! très sûrement ! D’ailleurs, si lui ou moi nous tardons un peu, voilà vingt sous, rafraîchis-toi chez madame Moreaux ; il n’y a pas moyen de s’y ennuyer… c’est plein d’étudiants et de grisettes.

— L’un ne va pas sans l’autre… Ainsi, voilà qui est convenu… Ah ! une réflexion : si nous rencontrions la bonne du bourgeois ?