Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/9

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d’élite, c’est-à-dire, pour compléter toute notre pensée, qu’il y a, selon nous, des hommes imparfaits, à côté d’animaux imparfaits, des hyènes et des Lacenaire. On ne doit pas s’effrayer de cela, le monde étant toujours assez vigoureux pour rejeter ce qui ne s’assimile pas à lui.

« Tout animal qui n’est pas doué d’un instinct propre à se plier aux conditions d’une existence privée doit être notre ennemi, comme nous devons être le sien ; c’est au plus fort. Le tigre refuse de ramper à nos pieds comme le chien ; qu’il meure, il nous dévorerait. S’il est un homme qui ne consente pas à partager avec nous le fardeau des gênes sociales, la contrainte salutaire des lois, le poids de la famille, que celui-là meure encore, car il nous tuerait. La société ou la mort. « J’ai demandé à Lacenaire, dit quelqu’un, pourquoi il n’avait pas eu l’idée de s’engager dans un régiment. — C’est parce que je ne sais pas obéir, » me répondit-il. Notre apparente dureté ne blessera personne : nous n’employons ici, et nous n’emploierons jamais le mot de mort que comme l’équivalent d’anéantissement, disparition, absence. S’il était un moyen de balayer pour toujours un criminel de la surface de la terre ou du milieu des hommes, sans lui ôter la vie, c’est ce moyen que nous conseillerions d’adopter, de préférence à tout autre. La peine de mort ne peut paraître juste que parce qu’elle est absolue. Elle conclut. C’est la plus géométrique de toutes les punitions. On voit qu’avec nous la loi calcule et ne se venge pas. »

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