Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/184

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Mirville en Andréa se regardaient… C’est à Cayenne qu’Andréa avait vu le Docteur Stone… C’est le médecin qui lui avait si généreusement jeté cette boîte d’allumettes qui leur avait sauvé la vie dans les marais de la Guyanne Française !…

« Et que fites-vous ? » demanda Mirville au médecin, d’une voix qu’il parvint à rendre presque naturelle.

— « Je lui jetai une boîte d’allumettes, à laquelle je n’avais pas encore puisé… Deux messieurs visitaient le pénitencier en même temps que moi ; mais ils me précédaient, ainsi que le gardien… Ce fut fait en un clin d’œil : je lançai la boîte d’allumettes dans le grillage et le prisonnier la saisit au vol… Je présume, » ajouta le Docteur Stone en riant, « que je me serais senti coupable, du moins, de complicité ensuite, si j’avais appris que le prisonnier avait mis le feu… mais, j’avoue que je n’y pensai pas, tout simplement. »

— « Pourquoi ? »

Cette question venait d’Andréa.

« Pourquoi, M. Andréa ?… Parceque, malgré la livrée qu’il portait, ce prisonnier m’avait inspiré confiance. »

— « Je suis sûr qu’il vous bénira éternellement ce pauvre malheureux ! » dit Mirville, d’une voix tremblante. « Allons, nous ne pouvons abuser plus longtemps de votre hospitalité, Docteur Stone, » ajouta-t-il, en se levant.

— « Certes, vous savez bien que je suis très heureux de vous recevoir chez moi, messieurs, et j’espère que ce n’est pas votre dernière visite ? »

— « Ne nous ferez-vous pas le plaisir de venir à la villa Andréa bientôt, Docteur Stone ? » demanda Mirville.

— « Oui, oui, venez donc nous voir, Docteur ! » ajouta Andréa.

— « Pourquoi pas cette semaine ? » insista Mirville. « C’est aujourd’hui mardi… disons jeudi. Prenez le train de six heures et venez dîner avec nous, jeudi soir… Nous avons rapporté bien des souvenirs de notre voyage dans le Brésil ; vous serez intéressé. »