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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/10

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la gardienne du phare

Bientôt, la servante revint, disant :

« Madame dit que si c’est pour la position de secrétaire, elle aimerait vous voir tout de suite. »

— « C’est bien, » dit la jeune fille.

Conduite par la servante, elle entre dans une bibliothèque encombrée de volumes. Une femme d’une soixantaine d’années était assise à un pupitre et elle écrivait rapidement. Elle leva les yeux à l’arrivée de la jeune fille, lui fit signe de s’asseoir, puis se remit à écrire.

« Je serai à vous à l’instant », dit-elle, tout en écrivant. Enfin, elle se tourna vers la nouvelle venue :

« C’est pour la position ? » demanda Madame Dumond.

— « Oui, Madame. »

— « Vous possédez une solide instruction ? »

— « Oui, Madame. »

— « Avez-vous des lettres de recommandation ? »

La jeune fille présenta à Madame Dumond deux enveloppes cachetées. Celle-ci en lut le contenu, puis :

« Vous vous nommez Claire d’Ivery ?… Quel âge avez-vous ? »

— « Dix-huit ans » répondit Claire.

— « Pouvez-vous rester ici ce soir et commencer votre travail demain matin ? »

— « Avec plaisir, Madame. Si vous »…

Claire se tut subitement… Qu’avait donc Madame Dumond à regarder à tout instant pardessus son épaule, comme si elle s’attendait à voir survenir quelqu’un ?… La jeune fille crut même discerner une sorte de crainte dans les yeux de cette femme… À plusieurs reprises, Madame Dumond fit le geste de regarder derrière elle.

« Heureusement, je ne suis pas peureuse », réfléchissait Claire, « car je n’aurais pas le courage d’accepter une position ici… Cette propriété isolée, ces allées de saules pleureurs et cette femme, qui a toujours l’air de s’attendre à quelque catastrophe… »

« Je vous donnerai cinquante dollars par mois », disait Madame Dumond. « Vous me tiendrez compagnie et ferez