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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/22

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la gardienne du phare

«  Vous avez pris votre temps ; je vous avais dit pourtant de vous dépêcher, que je n’aimais pas être seule aujourd’hui. »

— « Je n’ai fait qu’aller chez l’imprimeur et en revenir, » dit Claire.

— « Est-ce chez l’imprimeur que vous vous êtes procuré cette brochure ?… Pourquoi mentez-vous, Claire ? »

— « Madame, » répondit la jeune fille, en élevant légèrement, très-légèrement la voix, « je n’ai jamais menti de ma vie ! J’avais oublié la brochure ; mais vous savez que de chez l’imprimeur à la librairie, il n’y a qu’un pas. »

— « Vous n’avez pas le droit d’élever la voix en ma présence, Mademoiselle ! » s’écria Madame Dumond, fort en colère. « Vous pouvez vous retirer dans votre chambre ; je n’ai plus besoin de vos services aujourd’hui. Eh, bien ! qu’y a-t-il, Zénaïde ? »

Claire se retourna et vit Zénaïde près de la porte ; la servante jeta un regard étonné sur Claire. Le reste de l’après-midi, le secrétaire de Madame Dumond l’employa à transcrire un manuscrit qu’elle avait trouvé moyen de monter dans sa chambre… Madame Dumond ne lui en voudrait pas longtemps, elle le savait bien. Aujourd’hui, quelque chose semblait l’avoir beaucoup irritée.

Lorsque Claire descendit pour le dîner, Zénaïde lui dit que Madame n’était pas bien et dînait dans son boudoir… Après le dîner, elle alla se promener dans le jardin jusque vers les neuf heures, puis elle retourna dans sa chambre. Elle entendit Zénaïde qui aidait Madame Dumond à se mettre au lit.

Claire ne s’endormait pas, elle résolut donc de lire quelques chapitres de la malencontreuse brochure. Les feuillets n’étaient pas coupés et, machinalement, elle chercha son coupe-papier, mais ne le trouva pas.

« J’ai dû le laisser dans la bibliothèque », pensa-t-elle.

Ce coupe-papier était un cadeau de Madame Dumond ; c’était un joli poignard à poignée d’ébène, incrusté de nacre et Claire y tenait beaucoup. Elle se rendit donc à la biblio-