Aller au contenu

Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
la gardienne du phare

thèque. Le coupe-papier était là, en effet. Claire s’en saisit, et elle sortait de la chambre quand elle rencontra la vieille servante Azurine. Instinctivement Claire détestait cette femme ; sans s’en apercevoir, elle lui lança un regard méprisant en passant. La servante ne dit rien, mais la jeune fille s’aperçut qu’elle s’était arrêtée et qu’elle la regardait monter l’escalier. Claire l’entendit marmotter quelque chose ; mais elle n’en fit aucun cas.

À lire, le temps passe vite, Claire leva les yeux sur le cadran de sa chambre et s’aperçut qu’il était dix heures. Elle fut surprise, car elle entendait Madame Dumond, dont la chambre était voisine de la sienne, remuer dans son lit.

« Pauvre Madame Dumond ! » murmura-t-elle, « elle ne peut dormir… Je ne sais si Zénaïde lui a donné son verre d’orangeade… Peut-être est-elle malade ?… J’ai envie d’aller voir… Peut-être, aussi, serai-je mal reçue… mais qu’importe, j’y vais. »

Claire sortit de sa chambre. Arrivée sur le palier, elle vit passer Azurine et Zénaïde qui se rendaient dans leurs chambres, elle entendit la vieille servante dire à Zénaïde :

« Non, mais, a-t-elle l’air tragique un peu, à se promener ainsi, la nuit, un poignard à la main ! »

Claire ne put s’empêcher de sourire : par distraction, elle avait emporté son coupe-papier avec elle.

Elle frappa à la porte de la chambre de Madame Dumond et entra.

« Vous ne dormez pas, » dit Claire, « Zénaïde vous a-t-elle donné votre verre d’orangeade ? »

— « Non, » répondit Madame Dumond ; « mais je n’en ai pas besoin. »

Sans rien dire, Claire prépara la potion et la présenta à Madame Dumond. Celle-ci prit le verre et en but le contenu.

« Si vous vous sentez malade ou nerveuse, Madame Dumond. » dit Claire, « je passerai bien la nuit sur ce fauteuil. »

— « Merci, » répondit Madame Dumond, « je crois que je vais dormir à présent. »