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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/69

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la gardienne du phare

Ensuite, les jeunes filles descendirent l’escalier, suivies de Tribord. Le traîneau fut détaché, Tribord attelé, et, avec précaution, on déposa sur le traîneau le corps du vieux gardien, qu’on recouvrit d’un tapis de table. Une pierre fut emportée, qui servirait de lest, et l’on partit.

Claire marchait en avant, tenant Tribord par son collier afin qu’il se maintînt au pas ; mais le chien semblait comprendre que ce n’était pas le temps de gambader. Zilumah fermait la marche ; la procession n’était pas longue. Les jeunes filles, toutes au souvenir de ce qui s’était passé la nuit précédente, pleuraient tout bas en accompagnant le corps du gardien du « phare des glaces » à sa dernière demeure.

Dans cette solitude, combien lugubre étaient ces funérailles et quelle triste impression elle fit sur celles qui y prenaient part !

On fit trois milles ainsi, silencieusement, Claire priant tout bas pour l’âme du défunt, puis on s’arrêta. À quelques pas, la glace s’était rompue ; c’est là qu’on allait déposer le corps du gardien. Claire s’agenouilla, ce que voyant, Zilumah fit de même. Claire récita, tout haut, le « De profundis », sa voix résonnant clairement dans le grand silence. L’écho répétait les mots du psaume funèbre ; on eut dit que mille voix se joignaient à celle de la jeune fille. Enfin « Requiescat in pace » dit Claire. — « In pace » répéta l’écho.

Respectueusement, Claire et Zilumah roulèrent le corps jusqu’au bord de la crevasse. On entendit le froissement de l’eau sur le cadavre et, doucement, la dépouille mortelle du vieux gardien du « phare des glaces » glissa dans la mer bleue.

La lugubre cérémonie était terminée.

Tribord fut dételé ; on lui accordait sa liberté maintenant. Le chien n’était pas sorti depuis deux ou trois jours et il profita de sa liberté, courant et s’agitant à la manière des chiens… Les jeunes filles, à tour de rôle, tiraient le traîneau, qui, d’ailleurs, ne pesait guère. Le temps était magnifique, la température très supportable, Claire et Zilumah marchaient lentement, n’ayant pas hâte de retourner au phare. Mais elles finirent par y arriver. Elles se hâtèrent de