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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/72

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la gardienne du phare

pas longue, assez courte même ; mais difficile à lire à cause de ces mots liés les uns aux autres :

« Claire d’Ivery, « Je me nomme Charles Dumond. C’est moi qui ai assassiné, le vingt-huit mai dernier. Madame Dumond, dont tu étais secrétaire et compagne. »

Claire porta la main à son cœur pour en comprimer les battements. Cet homme était un assassin et elle avait vécu avec lui durant de longs mois !…

« J’ai eu connaissance de ton arrestation, de ton procès et de ta condamnation. J’étais bien décidé à te laisser mourir sur la potence à ma place, mais, d’un autre côté, je n’ai pas hésité à te tendre une main secourable. C’est moi qui ai fourni à la vieille Hermance l’argent nécessaire pour faciliter ton évasion et ensuite, je t’ai emmenée au « phare des glaces », où la justice ne saurait t’atteindre.

Je ne te raconterai pas ma vie avec ma femme. Flore Dumond… Nous avons vécu quinze ans ensemble ; une vie d’enfer. Un jour, je la mis à la porte, l’accusant faussement, dans un accès de jalousie. Mais, cinq ans plus tard, j’appris qu’elle avait hérité d’une petite fortune. Moi, j’étais pauvre, cousu de dettes. J’essayai de me rapprocher de ma femme ; mais elle me traita avec dédain. Alors, je la menaçai. Le jour même de sa mort, elle a dû recevoir une lettre de moi. Voici ce que contenait cette lettre : « Rencontre-moi à l’hôtel à six heures ce soir ; sinon, gare à toi ! »

— « Ah ! oui, » pensa Claire, « La lettre… je me rappelle maintenant… Je savais bien que cette écriture était associée à de lugubres souvenirs ! »

« J’étais dans la bibliothèque, » continuait la lettre, « quand tu es venue y chercher ton coupe-papier. J’étais dans la chambre de ma femme, caché par une portière, lorsque tu y es entrée… Si tu avais passé la