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NÉMOVILLE

L’homme à la barre redoubla d’efforts. Le bateau n’était plus qu’à un mille de terre, quand il donna contre un récif. Aussitôt, le « Queen of the Waves » se coucha sur le flanc, et on comprit qu’il ne se relèverait plus. Mais les passagers étaient tous des hommes d’intelligence et de cœur. Ils aidèrent les matelots à mettre les chaloupes à la mer — il n’y en avait que quatre — et, en risquant cent fois leur vie, les passagers furent mis en état de se sauver.

Malheureusement, la dernière chaloupe, contenant le capitaine et les hommes de l’équipage, effleura un brisant de trop près, et on la vit s’enfoncer dans les flots bouillonnants de l’Océan. C’était un grand malheur, car, si on parvenait à dégager le paquebot, comment parviendrait-on à lui faire reprendre la mer, sans capitaine et sans matelots !

Hélas ! on ne pouvait s’attarder à pleurer cette perte de l’équipage, il fallait aviser au plus pressé, et le plus vite possible. Quelques-uns des naufragés se dévouèrent : ils firent plusieurs voyages au bateau échoué, et en rapportèrent des provisions, des couvertures, des armes, etc. Ils firent bien, car deux heures plus tard, le « Queen of the Waves » se brisait contre les récifs, et il n’en resta plus, bientôt, que des débris flottants, sur la mer en furie.