milieu de ses cardinaux, couverts de leurs chapes violettes, et de ses évêques, portant la crosse et la mitre.
Ce qu’il y eut de plus extraordinaire, dit l’abbé Suger, qui était présent à cette cérémonie, « c’est que le pontife, dont l’avarice sordide était connue de tout le clergé, n’enleva ni l’or, ni l’argent, ni les pierreries de ce monastère, comme les moines le redoutaient ; il daigna à peine regarder toutes ces richesses, et vint se prosterner humblement devant les précieuses reliques du saint. Ensuite il se leva le visage baigné de larmes, et demanda d’une voix suppliante aux bons religieux qu’ils voulussent lui abandonner une partie des vêtements teints du sang du bienheureux martyr. « Ne faites pas difficulté, disait-il, de nous rendre quelque peu des ornements épiscopaux de celui que notre siège apostolique vous a envoyé libéralement pour apôtre. »
Philippe et son fils vinrent le lendemain rendre
leur visite au pape et lui baisèrent les pieds. Pascal
les releva, et conféra familièrement avec eux des
affaires de l’Église, les priant pathétiquement de la
protéger, à l’exemple de Pépin et de Charlemagne
et de résister courageusement aux ennemis du saint-siége,
et particulièrement au roi de Germanie. Les
deux princes jurèrent au pontife une soumission sans
bornes ; et comme il exprimait des sujets de crainte
relativement à la conférence qu’il devait avoir avec
les ambassadeurs de Henri à Châlons-sur-Marne, ils
lui promirent de mettre à sa disposition une escorte
nombreuse de gens à pied et à cheval, capable de le
défendre contre toute entreprise.
En effet, lorsque le saint-père fut arrivé dans la ville de Châlons, il trouva les envoyés du roi d’Allemagne, les prélats de Trèves, d’Halberstadt et de Munster, ainsi que plusieurs comtes germains et le terrible duc de Guelfe. Ce seigneur ne marchait jamais sans qu’un héraut d’armes portât devant lui sa longue épée ; la hauteur de sa taille, sa stature imposante et jusqu’au timbre formidable de sa voix, tout dans sa personne semblait indiquer qu’il avait été envoyé plutôt pour intimider le pontife que pour conférer avec lui. L’escorte des Français était heureusement composée de guerriers redoutables, et, grâce à leur présence, les négociations purent commencer