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Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/40

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— XXXV —

comme un fougueux révolutionnaire, tantôt comme un mennaisien impénitent, et à force de faire agir dans l’ombre des influences étrangères, avaient amené ce coup douloureux. On allait voir probablement se manifester dans cette jeunesse indocile des symptômes de révolte, et dès lors leur entreprise serait jugée; ou du moins la dispersion des membres serait infailliblement la ruine de l’œuvre, sans qu’il fût besoin de la proscrire. Mais comme la Providence sait bien réduire à néant l’opposition des hommes ! Le P. Lacordaire et ses disciples inclinèrent doucement la tête, et se préparèrent à obéir avec une simplicité et une promptitude qui jeta le vieux prieur de Sainte-Sabine dans l’admiration. Leur vocation visitée par l’épreuve leur apparut plus vraie et plus belle; la dispersion mûrit leurs attraits, épura leur charité et trempa leur courage. C’est qu’au fond de ces natures encore si vives, Dieu avait mis la foi des patriarches; et, par elle, le même coup qui aurait dû ruiner l’œuvre, la consacra. Séparé de ses frères, le P. Lacordaire, pendant quelques années, partagea son temps entre l’Italie et la France. En Italie, il se préparait à ses travaux d’apostolat et se plongeait dans l’étude de saint Thomas, « regrettant de n’avoir pas bu « plus tôt à ces eaux profondes, » dont certaines