Page:Lacretelle Silbermann.djvu/105

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loin son buste qui restait rigide en dépit des cahots et se dressait au-dessus de l’horizon.

Ma grand’mère était sans cesse en mouvement malgré son âge. Elle allait, du matin au soir, de la ferme à la magnanerie, son beau visage aux pommettes fraîches abrité sous un simple chapeau de paysanne. Préoccupée perpétuellement par l’amélioration du mas, elle décidait des changements qui s’effectuaient aussitôt, non sans qu’elle-même, qui bouillait d’activité, y eût mis la main. Lorsque par hasard nous la surprenions à ne rien faire, elle était si honteuse qu’elle se troublait et se retirait après nous avoir dit :

— Il faut que je vous laisse, mes enfants, j’ai tant de besogne !...

La tâche de ma mère, entre ces deux êtres, était de les servir avec un amour parfait. Je me demande si sa conscience scrupuleuse ne lui reprochait pas comme une trahison envers ses parents l’amour