Page:Lacretelle Silbermann.djvu/82

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Et le plus singulier était qu’à mes propres oreilles cette verve, qui d’ordinaire me ravissait, sonnait déplaisamment. Silbermann, par le désir de briller, recherchait des récits extraordinaires et des opinions paradoxales. Et rien n’était plus choquant que l’effet de ses paroles dans une atmosphère où je n’avais jamais entendu développer que des avis mesurés et le préjugé commun. Je souffrais véritablement en l’écoutant ; mes doigts étaient crispés. J’aurais voulu lui faire signe de se taire. Mais il ne se doutait aucunement de l’impression produite. Mon père et ma mère lui donnaient à tour de rôle un sourire forcé. Et il s’adressait successivement à l’auditeur gracieux.

Ce fut avec soulagement que je vis le repas prendre fin. Mon père se retira dans son cabinet de travail où, quelques moments après, Silbermann alla le saluer. Il considéra la bibliothèque, pleine de livres de loi et de répertoires juridiques, et dit :