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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/159

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mercredi 31 août, jeudi 1er septembre. — 1870.

Restait la question des rapports de M. Podevin avec l’autorité prussienne, dont on lui a fait aussi un grief et qu’il fallait éclaircir. Je le pressai sur ce point et voici quelle fut sa réponse. — « Oui, c’est vrai, j’ai eu le tort de me laisser prendre à l’idée que je pouvais encore être bon à quelque chose, au lieu d’assurer mon repos, en m’annulant tout-à-fait. Le jour de son entrée à Nancy, le Prince royal m’a mandé pour me dire que la Prusse n’avait pas de mauvaises intentions contre la population française, qu’elle voulait la ménager le plus possible et que, personnellement, il désirait me voir rester à mon poste pour adoucir les contacts et sauvegarder les intérêts des habitants. Je demandai à réfléchir avant de me décider. Mais considérant que cette affectation de bienveillance pouvait cacher l’intention de se servir de moi comme instrument des exactions qu’on allait commettre, j’allai trouver le duc de Cobourg, qui était descendu à la préfecture, pour lui dire que je sentais combien ma position était fausse et intolérable, que je ne pourrais y tenir, et que je ne demandais qu’à en être délivré, dût-on me faire prisonnier de guerre et m’envoyer en Allemagne. Le duc alla en conférer avec le Prince royal et vint me dire qu’ils avaient décidé que je devais rester à mon poste. C’était un ordre : je m’exécutai. Je n’ai pas eu grand’chose à faire, mais j’ai tâché que le peu que j’ai fait fût utile à la population. J’ai obtenu la réduction du prix du thaler à son taux normal. On a pensé que j’aurais dû me