Page:Lacuzon - Éternité, 1902.djvu/22

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volonté, ont si bien démontré dans le public l’inanité d’écrire en vers, ne pourrais-je ainsi me donner l’impression de n’être pas complètement seul pour assumer la responsabilité de cette tentative, peut-être encore inopportune, au demeurant simple essai de synthèse par la poésie, à l’aboutissement duquel ont sûrement collaboré leurs affectueux suffrages. Malgré cette ingénue fiction, une immense mélancolie m’envahit en achevant ces premières lignes ; ce sont des vers de Vigny qu’elle vient d’éveiller tout au fond de ma mémoire, et je sens bien que certaines strophes de la « Bouteille à la mer » vont m’ obséder longtemps. Pourquoi donc les choses résolues, le fussent-elles d’une conscience tranquille, s’imprègnent-elles toujours de cet air de tristesse et comme de remords ? C’est pourtant de la vie ardente, et fière et forte, que je veux parler ici.

Ai-je besoin d’ajouter maintenant que le poème Éternité n’a pas été composé dans le but d’étonner ou de séduire les esthètes contemporains par l’étrangeté de sa teneur, la fluidité de ses concepts, l’évanescence de