Page:Lacuzon - Éternité, 1902.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

royauté de mauvais lieux. Cette coalition pathologique eut des recrues dans tous les arts, en peinture notamment, et sur la toile, où l’allégorie volontiers macabre ou mystique extravaguait dans l’impéritie du dessin, il arriva qu’au lieu de couleur on vit de véritables fards en applications variées, faisant hurler des paysages atones ou des chairs exsangues.

Ce fut vraiment l’époque des « beautés d’hôpital » [1] et des androgynes au teint morbide, des impossibles lys et des nuits insomnieuses aux emprises malsaines, du sadisme cérébral et des éphèbes au geste ambigu, des profils émaciés et des bandeaux aux tempes. Le poète d’alors exploitait

  1. Sans vouloir davantage faire intervenir ici Baudelaire, me permettrai-je d’ajouter que son influence, si tant elle existe vraiment, sur la génération qui nous occupe, viendrait moins de son œuvre proprement dite que des quelques centaines de pages de glose romantique dont reste prisonnière l’édition actuelle des Fleurs du Mal. Baudelaire, dont l’individualité paradoxale fit si souvent dévier en propos anecdotiques les jugements portés sur son talent, avait plutôt la nostalgie de la force que le culte de son hystérie.