tout à l’heure propagent par le monde une inquiétude où la vitalité et l’énergie intellectuelles sont éperdûment sollicitées. Elle en a conscience, et, d’ores et déjà, semble vouloir répondre à cet appel qui lui vient de partout à la fois. Qu’ils parlent donc bientôt ceux dont la voix ne sera que de pure harmonie, et si le verbe humain doit reprendre parmi nous son hégémonie des siècles passés, que son évangile soit de simplicité et de sincérité !
Mais abusés par une telle devise, dont le sens apparaît si clair à première vue, ah ! combien vont-ils être de poètes nouveaux, enthousiastes à se réclamer d’elle, et croyant bien la pouvoir mettre en action sans effort ! L’affluence pourrait créer la discorde, car, après tant de poèmes versifiés péniblement, suivant un lacis de phrases compliquées, accablées de mots rares autant qu’impropres, l’on pensera qu’il est bien aisé d’être simple et sincère, et qu’il suffira d’un balbutiement attendri sur la nature, l’amour et les hommes pour satisfaire à ce nouvel entendement de la poésie. Et l’erreur sera grande.