Page:Lafargue - La légende de Victor Hugo, 1902.djvu/26

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leur revue bimensuelle, Le Conservateur littéraire[1]. Ils défendaient avec âpreté le fond des reptiles en même temps qu’ils l’attaquaient avec convoitise ; ainsi le Conservateur s’indignait contre Benjamin Constant, cet « ex-homme de lettres qui a fait refuser à la Chambre une somme de 40.000 francs destinée à donner des encouragements aux gens de lettres. Le but du député libéral est, dit-il, d’empêcher que cette somme ne serve à soudoyer quelque pamphlétaire ministériel »[2]. Rogner les fonds secrets du ministre, c’était porter la main sur la propriété des Hugo. A la fin de l’année 1826, Victor réclamait au vicomte de la Rochefoucauld une augmentation de la part qui lui revenait sur ces fonds : depuis que ma pension a été accordée, écrivait-il, « quatre ans se sont écoulés et si ma pension est restée ce qu’elle était, j’ai eu du moins la joie (qui ne le réjouissait pas) de voir la bonté du roi augmenter les pensions de plusieurs hommes de lettres de mes amis et dont quelques-uns la dépassent de plus du double. Ma pension seule étant

  1. La plainte de ces intéressants et intéressés jeunes gens est touchante. « Le Conservateur n’a reçu aucun encouragement du gouvernement, disent-ils. D’autres recueils ont trouvé moyen de faire bénéfice sur les faveurs du ministre du roi, lesquels se sont souvenus des avantages de l’économie lorsqu’il s’est agi d’encourager un ouvrage assez maladroit pour se montrer royaliste et indépendant. » (Préface du troisième volume du Conservateur littéraire). – Cependant page 361 du même recueil on lit : « L’ode sur la mort du duc de Berry, insérée dans la septième livraison, ayant été communiquée par le comte de Neufchâteau au duc de Richelieu, président du conseil des ministres et zélé pour les lettres, qui l’ayant jugée digne d’être mise sous les yeux du Roi, sa Majesté daigna ordonner qu’une gratification (sic), de 500 fr. fût remise à l’auteur, M. V. Hugo, en témoignage de son auguste satisfaction. »
  2. Le Conservateur littéraire, vol. 2, p. 245.