Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plaise, parce qu’elle est la seule utile, la seule qui profite au Capital, la seule qui crée de la plus-value.


D. - Où pries-tu?


R. - Partout: sur mer, sur terre et sous terre, dans les champs, dans les mi­nes, dans les ateliers et dans les boutiques.


Pour que notre prière soit accueillie et récompensée, nous devons déposer aux pieds du Capital notre volonté, notre liberté et notre dignité.


Au son de la cloche, au sifflement de la machine nous devons accourir; et, une fois en prière, nous devons, ainsi que des automates, remuer bras et jam­bes, pieds et mains, souffler et suer, tendre nos muscles et épuiser nos nerfs.


Nous devons être humbles d’esprit, supporter docilement les emportements et les injures du maître et des contremaîtres, car ils ont toujours raison, même lorsqu’ils nous paraissent avoir tort.


Nous devons remercier le maître quand il rogne le salaire et prolonge la journée de travail; car tout ce qu’il fait est juste et pour notre bien. Nous de­vons être honorés quand le maître et ses contremaître caressent nos femmes et nos filles, car notre Dieu, le Capital, leur octroie le droit de vie ou de mort sur les salariés ainsi que le droit de cuissage sur les salariées.


Plutôt que de laisser une plainte s’échapper de nos lèvres, plutôt que de permettre à la colère de faire bouillonner notre sang, plutôt que de jamais nous mettre en grève, plutôt que de nous révolter, nous devons endurer toutes les souffrances, manger notre