basochiens qui, jusqu’au xvie siècle, furent presque les seuls auteurs de nos Moralités ou Soties, leur imposèrent naturellement le formalisme autoritaire de leur enseignement orthodoxe ou juridique. Les Humanistes de la Pléiade et leurs successeurs conservent, en l’aggravant parfois, par le pédantisme classique, ce goût pour les lieux communs oratoires et les sentences proverbiales. Les poètes même du xvie siècle ne manquent guère de signaler, par des guillemets, les tirades, distiques ou vers final, résumant une réflexion judicieuse qu’il serait utile de retenir. Le même usage se conserve chez beaucoup des prédécesseurs immédiats de Molière. En mêlant, dès ses débuts, dans les imbroglios entortillés et joyeux de l’Étourdi et du Dépit, quelques observations sérieuses et quelques sages avis d’une expérience déjà mûre, il ne faisait donc que se conformer à des coutumes invétérées en obéissant lui-même à ses habitudes intellectuelles. La gloire lui reste d’avoir su et pu le faire sans manquer à la loi la plus impérieuse de l’art théâtral qui est d’amuser d’abord et d’intéresser, avant d’instruire et d’éclairer.
On ne saurait, cela va sans dire, supposer au poète comique un ensemble d’idées coordonnées sur toutes les questions sociales et morales, qu’il peut rencontrer en chemin. On ne peut lui demander ce qu’on ne saurait attendre des doctrinaires même les plus présomptueux. Il eût bien ri, sans doute, s’il avait pu prévoir qu’on voudrait, quelque jour, l’enrégimenter dans l’une ou l’autre des sectes philosophiques dont il raillait les subtilités impuis-