santes. En fait, alors qu’il se rattache, naïvement, instinctivement, à la tradition du Moyen âge dite gauloise, par la franchise de sa gaieté et la verdeur de son langage, il reste, plus encore, l’héritier de la Renaissance et de l’Humanisme par un désir de retrouver, sous un amoncellement séculaire de préjugés factices et de superstitions puériles, les lois primordiales inscrites par la nature dans la conscience humaine, par sa croyance inébranlable au droit de libre examen et de libre critique vis-à-vis de toutes choses et de toutes gens et par sa confiance dans la raison pour décider du bien ou du mal, du juste ou de l’injuste.
De cette foi dans quelques principes moraux, déposés, chez tous les hommes, par la Nature, faut-il conclure, comme l’a fait, semble-t-il, Brunetière, que la pensée de Molière ne s’élevait pas au-dessus d’un grossier sensualisme ou d’un scepticisme indifférente ? Pour preuves, il en donne deux passages de Rabelais et de Montaigne, deux de ses conseillers favoris, en effet, qui lui semblent les axiomes directeurs de sa pensée. L’un est l’inscription du portail de l’abbaye de Thélème : « Fay ce que voudras », avec la célèbre allégorie de Physis (la Nature), l’autre est cette ligne des Essais : « Nous ne sçaurions faillir à suivre nature ; le souverain précepte, c’est de se conformer à elle ». Mais il oublie que Rabelais et Montaigne, pas plus que leur élève, n’avaient de prétention au dogmatisme, et qu’on ne saurait tirer, d’une phrase détachée, leur pensée entière. L’un est un polémiste trop militant, un progressiste trop décide, pour ne pas croire à la puissance de la