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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/187

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pensée et morale.

gnols. Dès ses débuts, élève surtout des ancêtres gaulois, Marot, Mathurin Régnier, et des réalistes contemporains, Théophile, Saint-Amant, Scarron, il s’approprie, avec une aisance et une verve supérieures, la vivacité colorée et la sonorité brillante de leurs meilleurs morceaux. Il ne tardera pas à donner à son vers plus de fermeté et de suite dans les développements de pensée, plus de tenue et de dignité dans l’éloquence des personnages distingués ou moralisants. Par malheur, il perdra, en chemin, quelque chose de cet entrain incomparable qui donne à ses premières pièces, pour les poètes modernes, une valeur technique exceptionnelle. « Il est temps, disait Victor Hugo en 1827, de faire justice des critiques entassées par le mauvais goût sur ce style admirable, et de dire hautement que Molière occupe la sommité de notre littérature, non seulement comme poète, mais encore comme écrivain. Palmas vir habet iste duas…. Racine est un poète, il est élégiaque, lyrique, épique ; Molière est dramatique…. Chez lui, levers embrasse l’idée, s’y incorpore étroitement, la serre et la développe tout à la fois, lui prête une figure plus svelte, plus stricte, plus complexe, et nous la donne, en quelque sorte, en élans. » L’auteur de Cromwell garda, jusqu’à la fin de sa vie, la même admiration pour le style poétique de Molière. À Guernesey, en 1872, il récite, de mémoire, à M. Paul Stapfer, deux scènes de l’Étourdi, les explications orageuses entre Mascarille et Lélie. M. Paul Bourget constate, surtout dans l’École des Femmes et le rôle d’Arnolphe, cette perfection rythmique et verbale du vers dramatique, s’adaptant, avec la même souplesse forte