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MOLIÈRE.

Au printemps de 1655, retour à Lyon où l’on marie deux camarades. Succès de gloire, succès d’argent. Le burlesque d’Assoucy, poète-musicien, vagabond de nature, joueur et noceur de profession, devient « dans cette Cocagne » durant trois mois, le commensal de la troupe hospitalière :

En cette douce compagnie
Je passais doucement la vie.
Jamais plus gueux ne fut plus gras !

Quand ces bons compagnons, en novembre, redescendent vers Pézenas où Conti les rappelle, le bohème ne les lâche pas. À Avignon, il se fait décaver dans un tripot, et ce sont eux qui le tirent d’affaire. Il ne les quitte qu’à Narbonne, pour son malheur. À son arrivée à Montpellier, on l’emprisonne comme athée.

Impossible d’ailleurs, de suivre, dans ses déplacements continuels, la troupe partout fêtée, à Carcassonne, Castelnaudary, Toulouse, Agen, etc., on ne sait où. En 1656, Béziers applaudit, pour la première fois, le Dépit amoureux, dont le succès se poursuit en Languedoc, Dauphiné, Bourgogne jusqu’à Dijon. En 1657, même tournée dans les mêmes régions, avec retour à Pézenas, à l’automne, pour les États. Mais tout cela n’est point Paris ! Quand donc pourra-t-on y remonter vers ce Paris si tristement abandonné, toujours regretté, un Paris enfin pacifié, le séjour du roi, de la cour, des bons juges ? N’est-ce pas là, pour le comédien et ses compagnons, que sourient la gloire et la fortune ? N’est-ce