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MOLIÈRE.

tinence de remanier et compléter l’œuvre interrompue, mais demeurée dans le souvenir des lettrés, il ne trouva, nous dit-il, dans la valise posthume, aucun scénario, ni canevas des trois derniers actes.

De la Pastorale comique, il ne reste que quelques fragments sans intérêt, des couplets à chanter. Le Sicilien, heureusement, ouvrage plus ancien peut-être, était achevé. On le reprit trois fois avec un succès extraordinaire, les 14, 17, 19, et lorsque la troupe quitta Saint-Germain, le roi lui fit donner une gratification de 6 000 livres. Toutefois, son chef était épuisé par ce surmenage de productions, d’agitations, de douleurs. Il retomba si gravement malade qu’on désespéra de lui quelques jours, il ne se remit qu’à grand’peine. C’est le 10 juin seulement qu’il put, au Palais-Royal, reparaître dans le Sicilien. La délicieuse fantaisie fut aussitôt saluée comme un chef-d’œuvre par les amateurs. On y admira une liberté et une franchise croissantes dans le jeu scénique et le dialogue, une étendue nouvelle d’observation dans la variété des types nationaux et étrangers, dans la peinture des tempérament et façons diverses d’aimer, sentir et agir chez un Italien du Midi, chez une Grecque, chez un Français.

Toutes ces alternatives de souffrances et victoires ne faisaient point perdre de vue à Molière le but suprême de ses désirs, la reprise de Tartuffe. Après ces nouvelles preuves de soumission et de talent données à Saint-Germain et à Paris, il se crut en mesure de rouvrir la lutte. Le roi, en partant pour l’armée des Flandres, lui accorda l’autorisation verbale de faire remonter sur les planches